Un épisode d’une journée normale

Hier, au sortir d’une conférence que j’ai dite dans la salle de conférence de l’ICM (Institut du Cerveau et de la Moelle épinière) de La Pitié-Salpêtrière, une discussion-débat portant sur le rapport entre l’intelligence et l’exigence de l’existence en marge de l’actualité sur la fin de vie qu’a suscité l’affaire Vincent Lambert, conférence que d’ailleurs je vous ferez découvrir dès que je l’aurai retranscrit et affiné, je me suis arrêté à la librairie WHSmith qui est situé non loin du « Musée du Louvre » et du « Jardin des Tuileries », pour prendre un café avec des copains, une des rares librairies et des plus anciennes à présenter la littérature anglaise à Paris, je suis tombé sur « When Things Fall Apart ». Ce livre à titre très évocateur qui n’apparait pas seulement sous la plume de Pema Chödrön, est tout un programme de vie dans un monde fait de peur, d’impatience et de déshumanisation.

C’est à la déshumanisation programmée par les dirigeants Africains à l’encontre de leur concitoyens que j’ai pensée en voyant ce titre ; c’est une désescalade de l’humain qui semble se déroulé sous nos yeux, un génocide telle qu’envisager par ses commanditaires ; et il est encore plus accentué par les croyances religieuses qui n’ont rien à proposer que de l’espoir à l’état fœtal, ou des rêves en échange des rêves. L’Afrique, aujourd’hui en agonie, ne tient que par un fin fil « de coton », à l’autre bout, il n’y a que l’espérance. Tandis que l’Afrique subit le progrès scientifique qu’elle peine à maîtriser tout en payant le prix fort, allant au double voire plus, il est plus que temps de se réveiller pour voir se réaliser le rêve que, timidement, dans les recoins les plus silencieux de nos demeures, nous entretenons tous.

L’atteinte de cet éveil de conscience ne fait forcement pas appel à la violence, ni à la rébellion ou même à une insurrection. Il ne s’agit pas d’aller déloger les gouvernants par la force pour reprendre le control du pays, impossible à mon avis puisque ces dirigeants sont de grands architectes et experts du chaos, de la corruption et de la violence ; il est question de prendre la posture préventive qu’aurait une souris face à un chat, ou de toute autre proie en danger. Je vous laisse imaginer le scénario… Et je vous reviens quand j’ai terminé mes lectures.

Ce livre en question, par ailleurs, est symbolique pour moi. C’est le 10.000ème livre lu de ma collection. Pour ce faire, j’ai dû acheter au même instant, pour faire le compte, « The Invisible Bridge » de Julie Orringer qui serait actuellement à Nice pour profiter de la chaleur estivale connu des Niçois-es. J’aurais certainement terminé les lectures d’ici huit jours ; et peut-être, de retour à Nice, je rencontrerai Julie pour la troisième fois de ma vie…

Et aujourd’hui, quand, dans l’attente de la fin de ces lectures, je me suis rendu vers le rayon philosophie de ma bibliothèque, que fièrement j’entretiens dans mon bureau à l’ICM, pour préparer une place aux nouveaux arrivants, j’ai malencontreusement fait tomber une boîte. A sa découverte et à ma grande surprise, après plus d’une heure à compulser la pile de paperasse que cette boîte faite de fibres de carbone contenait, j’ai redécouvert la première ébauche, vite fait en juillet 2008, de ma thèse de doctorat de philosophie. À sa lecture ! À la lecture, j’ai coulé des larmes… Ce sujet, dans les coulisses des thématiques explorées par la philosophie contemporaine, et de récentes découvertes de notre laboratoire de Neurosciences et Cognition, est plus que d’actualité. Comme pour dire que j’ai été en avance de plus de dix ans. Ce qui me renforce dans ma fierté d’être ce que je suis.

(Fiction)